Après les incendies de l'été dernier, une question taraude l'esprit de l'expert climat qui rédige ces lignes : qu'en est-il de la comptabilité carbone des arbres décimés ?
Réponse rhétorique : ils existent toujours pour les 25 années, à venir, sur le bilan comptable de l'entreprise qui compense. Ils ont pourtant été réduit en poussière... Et les arbres brûlés qui persistent sur le bilan GES risquent de devenir la règle plus que l'exception.
Il est indéniable que les arbres jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique en absorbant le dioxyde de carbone (CO2) de l'atmosphère. C'est pourquoi de nombreux projets de reforestation et de plantation d'arbres sont mis en place dans le monde entier. Cependant, comptabiliser ces arbres dans les bilans carbone peut s'avérer compliqué et controversé.
Tout d'abord, il est important de noter que les arbres ne sont pas tous égaux en termes de capacité à absorber le CO2. La quantité de CO2 absorbée dépend de nombreux facteurs tels que la taille de l'arbre, son espèce, son âge, sa localisation et les conditions climatiques. En outre, il est difficile de prévoir combien de temps un arbre vivra et continuera donc à absorber le CO2. De plus, il y a souvent des incertitudes quant à la réalisation effective de certains projets de plantation d'arbres. Beaucoup de projets ne sont jamais achevés en raison de problèmes de financement, de conflits fonciers ou de catastrophes naturelles. Cela signifie que les arbres prévus dans les bilans carbone ne sont peut-être jamais plantés, ce qui rend la comptabilisation de leur capacité à absorber le CO2 très incertaine.
Le réchauffement climatique lui-même peut également poser problème dans la comptabilisation des arbres dans les bilans carbone. Les arbres sont soumis aux aléas du réchauffement climatique et peuvent être touchés par des événements tels que les sécheresses, les tempêtes et les incendies de forêt. Si un grand nombre d'arbres meurent en raison de ces événements, cela peut avoir un impact négatif sur la capacité de la forêt à absorber le CO2.
En outre, la monoculture peut augmenter le risque d'incendies de forêt (exemple des pinèdes). Les forêts composées d'une grande variété d'espèces d'arbres sont généralement plus résistantes aux incendies que les monocultures, car les différentes espèces d'arbres ont des taux de croissance et de développement différents, ainsi que des essences différentes ce qui peut aider à ralentir la propagation du feu. Par conséquent, il est important de veiller à ce que les projets de plantation d'arbres soient diversifiés et incluent une variété d'espèces pour réduire les risques pour l'environnement et la biodiversité.
Malgré ces difficultés, il reste crucial de continuer à planter et à entretenir des arbres pour lutter contre le réchauffement climatique. Il est toutefois important de trouver des moyens de mieux comptabiliser et suivre l'impact réel de ces projets sur les bilans carbone. Cela peut inclure des méthodes de suivi plus précises et le financement de projets vérifiés et soutenus par des organismes connus pour leur sérieux.
En résumé, comptabiliser les arbres dans les bilans carbone peut s'avérer complexe et controversé en raison de la variabilité de la capacité des arbres à absorber le CO2, des incertitudes quant à la réalisation effective de certains projets de plantation d'arbres, et des effets potentiellement dévastateurs du réchauffement climatique sur les forêts. Il est donc important de continuer à trouver des méthodes de suivi et de comptabilisation plus précises pour mesurer l'impact réel des arbres sur les bilans carbone et mieux comprendre comment nous pouvons utiliser ces importantes ressources de manière durable.
Il faut donc faire attention : les affirmations de neutralité carbone basées sur les projets forestiers doivent être prises avec prudence. En fin de compte, il est essentiel de reconnaître que la neutralité carbone est relative et nécessite une approche à long terme et durable pour atteindre des résultats concrets dans la lutte contre le réchauffement climatique.